jeudi 6 juillet 2017

A LA DECOUVERTE DU CHATEAU DE TALCY , entre Beauce et Val de Loire.

                                                        

Autant l'avouer tout de suite, ce qui m'attirait à Talcy, c'était Ronsard , ou plutôt l'idée qu'avait habité là Cassandre Salviati, celle qui a inspiré au poète Les Amours: "Mignonne, allons voir si la rose..." etc. Ronsard, en 1552, séjourna au château, et tomba amoureux de la fille du propriétaire, d'où la suite.
Et quand j'ai su que plus tard un autre poète, le protestant Agrippa d'Aubigné, y trouva refuge et tomba amoureux de Diane, la nièce de Cassandre, je me dis qu'un lieu aussi lié à la beauté et à la poésie méritait sûrement d'être connu. Sans compter que Cassandre compte dans sa descendance directe Alfred de Musset!

On a quitté l'autoroute A10 un peu avant Blois, et l'on s'est enfoncé dans la campagne blaisoise. Et bientôt...
... bientôt se profilent à l'horizon quelques tours et clochers, et plus à droite, un ancien moulin à vent..

 C'est le château de TALCY, et aussi l'église toute proche. Le moulin appartenait peut-être au domaine. C'est un de ces moulins à vent que l'on trouvait beaucoup en Beauce, ce qui nous rappelle que nous nous trouvons aux confins du Val de Loire et de la Beauce. On parle de "Beauce blaisoise".

La tour-porche , flanquée d'une aile qui longe la route, attire tout de suite l'attention.

Un pressoir ancien entouré de fleurs accueille agréablement le visiteur.


La tour porche (XVIe siècle), flanquée de fines tourelles polygonales (il en reste 3 sur les 4 d'origine) et surmontée de mâchicoulis avait une fonction défensive. Les grandes ouvertures du 1er étage datent du XVIIIe siècle. Elle est percée de deux portes (cochère et piétonne)


Un plan permet de comprendre la configuration générale du château: on voit bien qu'une tourelle manque à la tour porche; l'aile qui la prolonge comporte côté cour une galerie du XVIe à 4 arcades en anse de panier, surmontée d'un étage, et de deux pignons pourvus de fenêtres. Une seconde aile , perpendiculaire à la précédente, a été légèrement surélevée au XVIIe. Le toit est rythmé par des lucarnes. On voit que cette aile jouxte l'église. On aperçoit  le puits qui orne la cour d'honneur.
Au premier plan s'étend une 2e cour , ou basse-cour, bordée à droite par les bâtiments de l'ancienne ferme du château et par un beau colombier. A gauche, se trouvent une grange du XVIIe s et un pressoir classé aux MH. L'ensemble est clos de murs. Au delà de la basse-cour se déploie le jardin  d'environ 6 hectares, également enclos.

PREMIERS PAS DANS LE DOMAINE:

Il existait déjà une seigneurie de Talcy au XIIIe siècle. Elle appartenait à la maison Saint-Lazare de Beaugency. En 1517, Bernard Salviati (père de Cassandre) achète le château et lui donne son aspect actuel. Il ressemble plus à une construction du XVe qu'à un château de la Loire, ce qui fait penser que le plus gros du bâtiment est peut-être antérieur.


Voici la tour-porche vue de l'entrée de la basse-cour.

Les deux ailes: à droite , la galerie XVIe. A gauche, l'aile rehaussée au XVIIe.

On aperçoit le clocher de l'église juste derrière la 2e aile.

C'est auprès de ce puits que Ronsard aurait fait en vain sa cour à Cassandre.

Il est orné de magnifiques roses, sans doute en hommage à la Muse du poète.

La galerie XVIe comporte un plafond à poutres où les hirondelles , qui apprécient ce havre de paix, font leurs nids (on aperçoit une petite tête émergeant légèrement de l'un d'eux. En vérité, en ce mois de juin, elles se livraient à un incessant ballet entre la cour et les nids, sans doute pour nourrir leurs petits. Elles étaient trop vives pour qu'un appareil photos puisse capturer au vol leur manège.

De nombreux moineaux fréquentent aussi cette galerie... Je commençais à m'apercevoir que le domaine de Talcy était un vrai paradis des oiseaux, et cela allait se confirmer...

LA VISITE INTERIEURE.

Les pièces principales ont gardé un ameublement qui date du XVIIIe siècle. En 1704, la famille Burgeat (des officiers royaux) aménage confortablement le château. Elle créera aussi un jardin régulier. Puis en 1780, une famille protestante de la finance, les Gastebois, s'y installent. Leurs descendants suisses, les Stapfer, leur succéderont.

Le rez-de-chaussée :

On pénètre d'emblée dans une "grande salle", dotée d'une cheminée, qui servait de réfectoire pour les repas familiaux du temps des Salviati. Au XIXe (époque de la famille  d'Albert Stapfer, 1er traducteur de Goethe), elle a dû servir de lieu de culte, comme en témoigne une inscription à la gloire de Dieu  sur le manteau de la cheminée.

Un joli meuble.

On trouve ici deux tapisseries "mille fleurs", des tentures de mariage.

On passe ensuite dans l'office, une annexe de la cuisine.

On y réchauffait les plats sur ce "potager".

Nous voici à présent dans la cuisine.

Elle possède une vaste cheminée, qui comportait un four à pâtisserie et un système de rôtisserie.

Après la cuisine nous passons dans la 2e aile du logis:

Ensuite vient une antichambre, qui au XVIe était un poste de tir muni d'une meurtrière.

On peut y admirer notamment une belle armoire à griffes de lion du XVIIIe s.

On découvre alors la belle chambre dite de Charles IX. Le roi aurait séjourné  en effet au château en 1562 à "l'entrevue de Talcy" entre catholiques et protestants. A droite du lit figure sans doute le portrait du propriétaire de Talcy à partir de 1698,  Louis Henri de Godet, comte des Marais, un officier.

Elle est ornée de quelques tapisseries au point de Hongrie du XVIIe s, comme celle-ci; son sujet: les amours d'Antoine et de Cléopâtre.

Cet autre portrait est celui de Marie-Jeanne Burgeat, qui hérite du château en 1716.

On trouve ici un joli "bonheur du jour" en bois de rose de 1778: il s'agit d'une " table à écrire pour dames de qualité"(le couvercle de la partie basse se rabat); le petit meuble situé au dessus est constitué de petits tiroirs et casiers pour la correspondance.

Cette tapisserie évoque la légende de Narcisse.

Derrière le lit, un coin joliment meublé encore, orné sans doute de portraits de propriétaires.

LE 1 ER ETAGE:

On a une enfilade de chambres et pièces richement meublées.

Dans la 2e aile:

Nous sommes dans la chambre d'Isabelle Salviati, appelée "chambre de Catherine de Médicis" en souvenir du passage à Talcy en 1762 de la mère de Charles IX qui accompagnait son fils.

Derrière le lit... Sûrement des portraits de propriétaires encore.
Un "cabinet" jouxte la chambre précédente.

On trouve ensuite la "chambre de général Chanzy", qui en 1870, lors de la guerre contre les prussiens, fit de Talcy son quartier général.

A côté est installé le cabinet de toilette.


A la jonction des deux ailes du logis la "chambre des demoiselles" a été aménagée vers 1835 pour les deux filles d'Albert Stapfer. Elle est tendue de toile d'indienne.

Dans l'aile qui longe la route:

D'une fenêtre, on peut apercevoir la 2e aile précédée du joli puits qui orne la cour d'honneur.

Le cabinet Stapfer est orné de portraits des membres de la famille, d'écrivains, artistes, philosophes ayant fréquenté le salon réputé de la maîtresse de maison.

On passe ensuite au petit salon, d'abord chambre de la maîtresse de maison (XVIIIe-milieu du XIXe), puis à l'époque des Stapfer lieu propice aux discussions et à la dégustation du café.

La salle à manger XVIIIe est ornée de lambris et de toile peinte à décor d'indienne. Des invités illustres ont mangé à cette table du temps des Stapfer.

A l'étage de la tour-porche se trouve le grand salon ou salon de compagnie.

Le décor date du XVIIIe siècle.

RETOUR A PRESENT A L'EXTERIEUR:
Dans la paix d'un après midi de juin, nous avons avec grand plaisir parcouru basse cour et jardin, un vrai paradis par ailleurs pour les oiseaux.

Retour dans la cour d'honneur. Nous allons maintenant explorer la basse cour et le jardin.

Nous voici dans la basse-cour d'où nous apprécions une nouvelle vue du château.


Du côté de l'ancienne ferme, un tableau plein de charme s'offre au visiteur.

Le colombier du XVIe siècle compte 1400 trous de boulin (cavité où nichent les pigeons), ce qui en fait un des plus importants de la région.


Un petit escalier permet l'accès à l'intérieur du colombier.

Vue intérieure du colombier.

De l'autre côté de la basse-cour, on aperçoit un groupe de bâtisses, comportant la grange du XVIIe s, et un important pressoir. Un activité viticole existait dans le domaine aux XVIII e et XIXe siècles. On y produisait jusqu'à 25 000 litres de vin, blanc et rouge.

VERS LE JARDIN:

Le château de Talcy, notamment au XVIIIe s, était une sorte de "maison des champs" entouré d'un domaine agricole enclos de murs. Le jardin a été redessiné dans les années 1990. On y trouve un potager agrémenté de mélanges fleuris , des vergers de poiriers et pommiers, des cerisiers.

Le château vu de l'entrée des jardins.

Le potager, relié au reste du domaine par ce bel escalier semi-circulaire, est en contrebas.

Une belle allée centrale flanquée de cerisiers, aux bords fleuris, mène au fond du jardin.

Les bords fleuris regorgeaient de papillons, d'abeilles, et autres insectes. Un vrai paradis de la biodiversité. Apparemment la chimie n'a pas fait trop de ravages ici !

Un des vergers du domaine.

UN PARADIS POUR LES OISEAUX:
Outre les hirondelles qui animent à la fin du printemps la cour du château de leur ballet incessant, les moineaux vivent nombreux et heureux ici, de même que les tourterelles ou les pigeons ramiers, et bien d'autres espèces  plus rares comme la linotte mélodieuse , ou encore le chardonneret. élégant..

Le toit de l'ancienne ferme avait les faveurs de la linotte mélodieuse...

Plus près.

Les moineaux apprécient les vieux murs dans les trous desquels ils nichent.

L'architecture fournit d'excellents perchoirs aux tourterelles...

Et aux pigeons !

Le chardonneret élégant, lui, semble apprécier les cerisiers...


Couple de chardonnerets...

Cette visite enchantée se termine. Un petit arrêt encore, en partant, à la sortie du village, au moulin.

C'est un de ces moulins à vent en bois "à pivot" (il tourne autour d'un pivot) communs en Beauce. Les seigneurs imposaient à la population d'y moudre son grain, contre redevance.

En fait le dernier moulin à vent de Talcy a disparu en 1956. Une association a décidé en 1978 d'en acquérir un, car le moulin à vent est un élément phare du passé de la commune. Il provient du domaine de Châtenay. Il a été démonté et remonté à Talcy.